Formation VTC Les VTC sur La Réunion
Formation VTC Les VTC sur La Réunion
Une complément de retraite
Quand on pense VTC, on imagine souvent une grosse entreprise équipée d’une centaine de véhicules haut de gamme qui multiplient les courses et avalent plusieurs kilomètres par jour. En gros, on pense souvent à l’enseigne Uber. Mais en réalité, un VTC, ça peut être juste un retraité qui arrondit ses fins de mois. C’est le cas de Jean-Paul Félicité, ce jeune retraité de 65 ans est devenu VTC par la force des choses “j’ai toujours été dans le milieu du transport, j’ai gravi les échelons etc… je croyais partir à la retraite en 2017 puis j’ai vu le montant de ma pension, c’était pas grand chose, il m’a fallu trouver une activité annexe.” explique-t-il.
Du temps passé sur la route mais un bénéfice intéressant
Jean-Paul Félicité a donc repris la route mais sous une autre forme, il est devenu conducteur de véhicule de tourisme avec chauffeur et a ouvert son entreprise “Ouest VTC Réunion”, c’était il y a un an et demi. Dans une île où une majorité de Réunionnais a un véhicule et les autres, en général, prennent les transports faute de moyens, on pourrait se dire que ce n’était peut-être pas la meilleure stratégie, pourtant, le sexagénaire y trouve son compte “ce sont rarement des locaux qui me contactent, la majorité de ma clientèle, ce sont des touristes. Je fais aussi bien des transferts vers l’aéroport que des excursions et avec le temps, j’ai réussi à me faire une clientèle” détaille-t-il.
Avec ses 4 à 5 courses par jour pour une moyenne de 10 heures de travail quotidiennes, Jean-Paul Félicité gagne un peu plus d’un Smic par mois ” c’est un bon complément pour moi, après, je ne compte pas mes heures mais je rencontre beaucoup de gens, c’est sympa, le temps passe vite, j’ai l’impression de voyager avec eux. ” s’amuse-t-il.
Un des poids lourd du marché
L’une des plus anciennes entreprises de VTC à La Réunion, c’est Mychauffeur.re. Lancée il y a trois ans, la société a déclaré un chiffre d’affaires de 200 000 euros l’année dernière, +15-20% par rapport à ses débuts. La société voit grand, avec sa flotte d’une dizaine de véhicules, elle fait surtout des transferts aéroport, depuis quelques temps, elle se diversifie “on fait de plus en plus de déplacements de proximité, des clients font appel à nous pour des déplacements ponctuels mais aussi pour des sorties nocturnes, des personnes qui ne veulent pas prendre leur voiture après avoir consommé de l’alcool” explique Didier Bouget, le patron de Monchauffeur.re.
À La Réunion, l’entreprise est l’un des leader du secteur. Elle reprend les codes classiques du VTC: une application qui géolocalise le chauffeur le plus proche du lieu où se trouve le client, le tarif de la course est donné au moment de la réservation, un accueil haut de gamme, les bonbons à la menthe et la bouteille d’eau, un chargeur pour les téléphones… Le client peut profiter de cela assis confortablement dans un véhicule de luxe “cependant, nous ne sommes pas dans une ubérisation du transport, nous avons nos chauffeurs, nous les connaissons et nos prix sont très attractifs, on table sur la masse ce qui nous permet d’être moins chers que les autres VTC” détaille Didier Bouget. Avec 4000 inscriptions sur sa plateforme, l’entreprise enregistre 550 courses par mois.
Les taxis toujours dubitatifs
Effectivement, les VTC fixent leurs prix contrairement aux taxis dont les tarifs sont encadrés par un arrêté préfectoral. C’est là le principal point de friction “les VTC peuvent proposer des tarifs, c’est quand même de la concurrence déloyale. On ne peut pas faire le poids” s’indigne Steven Hoareau, le président du syndicat des artisans taxis de La Réunion (SATR).
L’autre point de tension, c’est le coût de la licence, pour un taxi, elle coûte 180 000 euros au total, pour un VTC, s’il est du métier, il devra s’aqcuitter de 170 euros tous les cinq ans, les autres devront faire une formation qui leur coûtera un peu moins de 4000 euros pour ensuite payer la licence de 170 euros tous les cinq ans.
À La Réunion, il y aurait environ 540 conducteurs de taxi contre moins d’une centaine de VTC inscrits au registre des VTC, Steven Hoareau insiste sur un autre élément “les taxis sont très régulièrement contrôlés, on peut même parler de contrôles abusifs tandis que les VTC ne sont jamais contrôlés, on sait qu’il y a des personnes qui travaillent au noir, qui n’ont pas la licence, d’autres qui n’ont pas les véhicules réglementaires et d’autres encore, qui stationnent au niveau de l’aéroport ou de la gare maritime alors que s’ils n’ont pas de réservation, ils n’ont pas le droit de le faire. Cela participe aussi à cette concurrence déloyale… on aimerait qu’il y ait plus de contrôles du côté des VTC, ce serait plus juste. ”
Une entente cordiale
Contrairement à quelques années en arrière, on peut dire que l’entente entre VTC et taxis est cordiale “nous ne sommes pas sur le même créneau” insiste Jean-Paul Félicité “les taxis ne couvrent pas tout le département, de plus, ils font essentiellement du transport de malades, de scolaires… notre clientèle n’est pas la même.” Didier Bouget est sur la même longueur d’onde “notre service répond à une demande, nous ne sommes pas là pour concurrencer les taxis mais pour une clientèle qui recherche une autre expérience.”
Steven Hoareau s’est fait à l’idée que les VTC prennent une partie du marché, il admet qu’”ici on est bien moins ennuyés par les VTC qu’en métropole”. Les deux services cohabitent mais le patron de la SATR ne compte pas lâcher de lest sur une chose “nous avons appris que les VTC voulaient se positionner sur les transports sanitaires, là, on prévient, on ne laissera pas faire.” finit-il.
Petit à petit, les VTC trouvent leur place dans le secteur du transport réunionnais, cohabitant avec des conducteurs de taxis qui restent sur leurs gardes et admettent qu’il faudrait que leur profession se modernise en mettant en place des applications et des plateformes de réservation à l’instar des VTC.
Les VTC déferlent sur La Réunion… sous surveillance des taxis