Une étude intitulée «Quand la transparence échoue: préjugés et incitations financières chez les plateformes de VTC» révèle que les personnes assimilées ou faisant preuve de leur soutien à la communauté LGBT+, ainsi que les personnes noires, sont plus susceptibles de voir leur course annulée par les chauffeurs VTC .
Chris Parker, professeur à la Kogod School of Business de l’American University of Washington et Jorge Meija, professeur à la Kelley School of Business à l’Indiana University, ont réuni un échantillon de conducteurs à Washington afin d’étudier leur réaction face à divers profils, auxquels les membres de l’équipe de recherche ont attribué différentes caractéristiques: femme ou homme, blanc⋅he ou noir⋅e, doté d’un filtre aux couleurs du drapeau arc-en-ciel ou non.
Les scientifiques se sont livrés à un choix méticuleux pour nommer ces profils. Selon une étude de 2003 sur laquelle ils se sont basés, les prénoms Emily et Greg évoquent des personnes blanches, tandis que Keisha et Jamal sont attribués à des individus noirs. Afin de contrôler le biais que pourrait constituer un physique désavantageux comme cause du rejet ou de l’annulation d’un trajet, les responsables de l’étude ont soumis toutes les photos à des tests d’intelligence artificielle. Une fois retenus les profils les plus attractifs, ils se sont mis à commander des courses via l’application.
Les chercheurs ont inclus le paramètre de l’heure de pointe dans leur étude. Ils ont commandé 1.600 courses à des horaires très demandés et 1.600 courses au moment des périodes creuses. Chaque conducteur disposait de trois minutes pour accepter ou refuser la course, soit le temps d’analyser rapidement le profil du passager. Passées les trois minutes, Parker et Meija annulaient eux-mêmes le trajet, toujours via l’application.
Les LGBT+ risquent de rentrer à pied
Après avoir analysé 3.200 courses, les chercheurs ont constaté que la clientèle qui affichait son soutien à la communauté LGBT+ subissait deux fois plus d’annulations que celle dont les profils restaient neutres. Les profils des personnes noires avaient trois fois plus de risque de se voir refuser une course que ceux des personnes blanches.
En revanche, à l’heure de pointe, les trajets des personnes noires n’étaient pas annulés, contrairement à ceux des personnes LGBT+. L’incitation financière faite aux chauffeurs à ces heures suffit à les convaincre d’accepter une course sollicitée par un individu noir –mais échoue selon eux encore à conduire les personnes gay-friendly.
Les chercheurs ont souhaité mener cette étude après que plusieurs incidents concernant des personnes LGBT+ et des compagnies de VTC ont émaillé l’actualité, à l’exemple de ce couple de femmes qui avaient été sommées de sortir d’une voiture Uber après s’être embrassées sur la joue.