Formation VTC Moi, Alexandre, chauffeur Uber à Metz

Formation VTC Moi, Alexandre, chauffeur Uber à Metz

Globalement, il n’y a que les touristes étrangers et les Parisiens qui font appel à mes services… » Alexandre Husson est conducteur de VTC (*), mais aussi et surtout ce qu’on appelle un chauffeur Uber dont il a toute la panoplie : berline noire à macaron rouge, cravate noire, chemise blanche…

Quand il grenouille à Metz ou Strasbourg, ce trentenaire de Moselle-Est passe par la plate-forme de la très controversée firme américaine, dont le modèle économique reposant sur l’exploitation d’auto-entrepreneurs précaires, sans couverture sociale et sous-payés, a enfanté du néologisme «ubérisation ».

Uber à Metz

« C’est très peu connu. Les gens pensent qu’Uber est en service uniquement dans les grandes villes comme Paris, Lyon ou Marseille, déplore Alexandre. Or, la plate-forme est ouverte à toutes les villes, petites et moyennes. » Mais pas officiellement, selon Uber.

Cette discrétion n’est pas bonne pour Alexandre. La plate-forme est, en effet, incontournable pour doper son chiffre d’affaires. Uber représente 50 % de son activité.

Deux mois de formation

Le trentenaire a fait le choix de devenir chauffeur VTC à temps complet fin 2017. Moniteur d’auto-école, il mûrit son projet quelques mois et s’engage dans une formation de chauffeur VTC en février 2018.

Financé en majeure partie grâce à différents dispositifs publics de soutien à l’emploi, l’apprentissage dure deux mois. Il est sanctionné par un examen comptant plusieurs épreuves portant sur les bases de la gestion d’entreprise, la réglementation des VTC… « On a également une simulation de prise en charge », complète Alexandre.

Des voitures chères

Son diplôme en poche, il monte une Société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU) et se lance dans l’achat d’un véhicule spécifique. Pas question de trimballer le pékin dans une Clio hors d’âge. Un VTC se doit de mesurer 4,50 mètres minimum et afficher une puissance d’au moins 110 CV. « Et le véhicule ne peut pas avoir plus de six ans… », indique Alexandre.

Comme la plupart des chauffeurs Uber, Alexandre va donc faire le tour des concessions pour négocier au meilleur prix une berline bien équipée.

Malgré des ristournes importantes accordées par les marques aux professionnels du transport de particuliers, Alexandre va tout de même devoir débourser un loyer de 900 € par mois pendant deux ans pour un modèle haut de gamme de Ford Mondéo. Un paquet de courses mensuelles est déjà englouti par cette location avec option d’achat (LOA).

Des gains modestes

Ensuite, pour commencer à gagner sa vie modestement, il faut enquiller les clients. C’est là qu’Uber intervient. « Le plus difficile chez nous, c’est de se faire connaître, explique Alexandre. Alors, Uber est un bon tremplin pour trouver des clients et gagner de l’argent sans engager des dépenses de publicité. »

Enfin, en théorie. Car en réalité, Uber est loin d’être gratuit. Contre la mise à dispostion de son application numérique, l’entreprise prend sa part sur toutes les courses qu’Alexandre parvient à effectuer.

Black&Blue Driver, son pseudonyme, reverse 25 % au géant californien et 10 % de TVA à l’État. Alexandre gagne donc, en moyenne, 6 à 8 euros par transport Uber intramuros.

À ce régime, il ne faut pas chômer pour se tirer un salaire net oscillant, pour l’instant, entre 1 000 et 1 500 euros par mois. « Et encore, je m’en sors bien par rapport à d’autres », observe Alexandre qui s’est donné un an pour atteindre autour de 2 000 € par mois et a développé ses propres astuces pour faire du chiffre.

En patrouille

Il s’est rapproché d’entreprises de son secteur afin de ne pas dépendre à 100% d’Uber. « Les commandes commencent à venir. On me fait confiance. C’est important », dit-il. Côté Uber, il patrouille essentiellement à Metz après avoir expérimenté Strasbourg où les hommes en costard noir se livrent une concurrence féroce.

Beaucoup de temps pour rien

Et puis, Metz est plus proche de son domicile que Strasbourg, ce qui lui fait économiser du carburant pour s’y rendre. Il commence en général à prospecter le jeudi soir quand commencent les soirées étudiantes.

Les yeux rivés sur son smartphone car il est interdit de le héler dans la rue contrairement aux taxis, il attend la commande. Le principe d’Uber est l’instantanéité. On ne réserve pas un chauffeur à l’avance chez Uber, on le siffle et il accourt.

Du coup, tant que la plate-forme restera volontairement dans l’ombre à Metz, Alexandre passera beaucoup de temps à poireauter. Et plus encore que pour toute autre profession, chez lui, le temps, c’est de l’argent.

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