Formation VTC – Thomas Thévenoud

Formation VTC

LE PARISIEN WEEK-END. A l’origine de la loi de 2014 qui organise la cohabitation avec les voitures de transport avec chauffeur, Thomas Thévenoud publie un livre hommage. L’ancien secrétaire d’Etat socialiste retrace l’histoire des taxis… qui pourraient un jour rouler sans conducteur.

Du fiacre au robot-taxi, en passant par l’arrivée sur le marché des voitures de transport avec chauffeur (VTC), Thomas Thévenoud, l’éphémère secrétaire d’Etat socialiste chargé du Commerce extérieur, du Développement du tourisme et des Français à l’étranger du gouvernement Ayrault, évoque les mutations passées et futures d’une profession en perpétuel mouvement.

Pourquoi avoir choisi d’écrire un livre sur les taxis ?

THOMAS THEVENOUD. J’avais envie de rendre hommage à cette profession difficile, souvent décriée, qui fait partie de notre imaginaire collectif. Lorsque l’on m’a confié une mission de concertation, en février 2014, en plein conflit entre taxis et VTC, j’ai découvert un univers fascinant. Travailler sur le sujet a changé ma vie et ma trajectoire politique. Cela m’a permis de me faire repérer alors que j’étais simple député.

Le métier a beaucoup évolué en un siècle…

Pour commencer, l’auto-taxi a chassé le fiacre. Le « Taxi Renault », premier modèle lancé pour la profession en 1905, a d’ailleurs largement favorisé l’essor de l’automobile. C’est grâce à lui que beaucoup de Parisiens sont montés à bord d’un véhicule à moteur pour la première fois.

L’invention de la radio-taxi, en 1956, est une autre révolution de taille…

Jusqu’alors, il fallait se rendre à une station pour trouver un taxi. Mais, dans les années 1960, André Rousselet, à l’époque patron de la compagnie de taxis G7, a l’idée de proposer aux chauffeurs un abonnement à une centrale radio qui transmet en continu les adresses de demandes de prise en charge. Cette innovation fera le succès de la G7. En réinventant à son tour la mise en relation avec le client grâce, cette fois, à une application smartphone, Uber fera la même chose des années plus tard.

Pourquoi Uber a-t-il choisi Paris pour sa première implantation hors des Etats-Unis, en 2012 ?

Si la firme américaine a ciblé la France, c’est que la réglementation y était à l’époque plus souple qu’en Angleterre, par exemple. Les taxis étaient vieillots, et n’importe qui pouvait s’improviser chauffeur de VTC depuis la loi Novelli de 2009. Il suffisait de s’immatriculer auprès de l’organisme Atout France !

Le conflit entre taxis et VTC est-il aujourd’hui résolu ?

Plusieurs lois ont organisé la coexistence entre les deux services. Celle de 2014, qui porte mon nom, a permis d’un côté, de moderniser les taxis, en les obligeant, par exemple, à accepter les paiements par carte ; et de l’autre, de réguler l’activité des chauffeurs VTC, en leur imposant notamment une formation.

Mais les VTC ont contourné cette règle…

Oui, beaucoup utilisaient le statut Loti (réservé au transport collectif léger), plus facile à obtenir que celui de VTC. C’est pourquoi la loi Grandguillaume, entrée en vigueur le 1er janvier 2018, a mis un terme à cette pratique dans les grandes villes.

Depuis cette date, le prix des courses de VTC a augmenté (+ 15 % selon le comparateur Eurecab) et le nombre de chauffeurs a chuté. Le client n’est-il pas le grand perdant des réformes ?

Je ne crois pas. Si le prix des courses de VTC a augmenté, c’est aussi que les chauffeurs Uber et autres, qui réclamaient leur part du gâteau, ont obtenu gain de cause. Ce dont je suis sûr, c’est que la concurrence entre les taxis et les VTC a profité au client. Il y a plus de véhicules disponibles et la qualité de service est meilleure. Les chauffeurs de VTC sont mieux formés. Quant aux taxis, ils font plus d’efforts et utilisent désormais eux aussi des applis de réservation et de paiement en ligne.

Quel sera le prochain grand bouleversement ?

Dans vingt ans, je pense qu’il y aura des voies réservées aux voitures autonomes et donc, à terme, des taxis sans chauffeur. La loi Pacte, actuellement en discussion, autorise justement la circulation en France des véhicules sans conducteurs. Des expérimentations de robots-taxis et de taxis-volants ont déjà été réalisées à travers le monde. La technologie est prête, mais il reste à résoudre les problèmes de sécurité dans un trafic urbain complexe.

Avez-vous réglé votre problème de « phobie administrative » qui vous a coûté votre poste au gouvernement et valu une condamnation en justice ?

Oui, j’ai traité mon cas, aidé par ma famille et mes amis. Je suis à jour avec le fisc et je m’organise pour faire les choses en temps et en heure.

Pourquoi avoir déposé l’expression de « phobie administrative » à l’Institut national de la propriété intellectuelle ?

Ce n’est pas pour en faire des tee-shirts ou toucher des royalties mais parce que ça fait partie de mon histoire. Je me suis retiré de la vie politique en 2017. Je suis aujourd’hui consultant.

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